PDFImprimer

Thème 9 : L’Etat a-t-il des marges de manœuvres en termes de politiques économiques ?

Contexte et finalités de ce thème :

La politique économique a pour objectif la régulation de l’évolution des « fondamentaux » de l’activité économique et l’adaptation des structures de l’économie à son environnement. Le champ et l’intensité de cette intervention sont plus ou moins importants selon la nature de l’Etat. Toutefois, ses marges de manœuvre se sont restreintes au cours des dernières décennies, notamment en raison des contraintes inhérentes à la zone euro. (prochain chapitre)

Chapitre 6 : Les politiques économiques 

Plan du chapitre :

Les différents degrés d’intervention de l’Etat dans l’économie

 

En tant qu’institution publique, l’Etat est amené à intervenir sur le plan économique pour corriger ou compléter le jeu des marchés et plus généralement, pour conduire une politique économique.

L’Etat intervient pour pallier les défaillances du marché, pour lutter contre les inégalités ainsi que pour corriger les déséquilibres provoqués par les mécanismes du marché.

Deux conceptions s’opposent :

La conception libérale

 

Selon les libéraux (il s’agit d’un courant de pensée économique), ce sont l’initiative individuelle et le libre jeu de l’offre et de la demande sur les marchés qui permettent d’assurer l’équilibre économique. Autrement dit, une économie se régule par les comportements adoptés par ses acteurs. L’Etat doit donc limiter ses interventions en fixant des règles de concurrence pour un meilleur fonctionnement des marchés, mais également limiter les prélèvements sur les agents pour ne pas nuire à l’activité économique.

Le libéralisme est apparu au XIX e siècle : le rôle de l’Etat se limite à assurer la défense, la justice, la police (fonctions régaliennes) ainsi qu’un service public minimum.

Les libéraux ne reconnaissent aucune activité économique à l’Etat, qui doit avoir un rôle minimal et se limiter à ses fonctions régaliennes qui sont ses activités principales (voir plus haut).

L’Etat a aussi pour rôle de veiller au respect des règles de fonctionnement de l’économie et donc de faire respecter la concurrence (Etat gendarme).

La conception interventionniste

L’Etat est le seul agent capable de venir à bout des déséquilibres économiques. Le libre jeu du marché est en effet inefficace et seules les interventions de l’Etat peuvent corriger les déséquilibres et relancer l’activité économique. Nous verrons comment.

L’interventionnisme est apparu au XX e siècle : Etat providence (forme d’Etat qui intervient dans les domaines social et économique).

La conception interventionniste provient d’un auteur en particulier : Keynes.

Son analyse a démontré que le libéralisme provoquait des déséquilibres au sein de l’économie tels que l’accentuation du chômage. Il a également souligné l’incapacité d’un marché à se réguler à court terme lors d’une crise économique persistante.

Il aboutit donc à la conclusion que seul l’Etat peut et doit intervenir pour lutter contre les déséquilibres économiques.

Les différents déséquilibres de l’économie

Un déséquilibre est un écart entre l’offre et la demande. C’est le contraire d’une situation d’équilibre ou l’offre et la demande sur le marché s’égalise à un prix d’équilibre qui satisfait les acheteurs et les vendeurs (loi de l’offre et de la demande : programme de 1ère)

Il existe 3 grands déséquilibres économiques : inflation, chômage et déficit du commerce extérieur.

Sur le marché des biens et des services un déséquilibre entre l’offre et la demande entraine une variation des prix.

L’inflation

L’inflation peut se définir comme une hausse générale et durable du niveau des prix.

L’inflation peut avoir des conséquences négatives mais également positives.

Négative car elle entraîne une baisse des revenus fixes et donc une baisse du pouvoir d’achat (je dispose de 1200 euros et un ordinateur coûte 500 euros je peux m’en acheter 2. Une hausse du prix de l’ordinateur passant à 700 euros me permet d’en acheter qu’un.)

Pour les entreprises cela entraîne une baisse de compétitivité sur la scène internationale. Pourquoi ? Car l’inflation provoque une perte de valeur de la monnaie (Un euros me permettait d’acheter ma baguette de pain. Demain un euro ne me permet plus d’acheter ma baguette de pain, perte de valeur de la monnaie.)

Positive car le poids du remboursement des crédits est moins lourd à supporter en période d’inflation. Si cette inflation s’accompagne d’une hausse des salaires.

Le chômage

Le chômage trouve son origine dans une offre de travail supérieure à la demande de travail. Cela entraîne donc un déséquilibre au niveau du marché du travail.

Il existe plusieurs types de chômage tel que le chômage dit keynésien (pas assez de demande donc les entreprises ralentissent la production et par conséquent ont besoin de moins de salariés), le chômage classique ou structurel (trouve son origine dans les rigidités liées au marché du travail : les entreprises sont donc dissuadés d’embaucher), mais également un chômage lié aux difficultés d’adaptation de l’offre d’emploi avec la demande d’emploi : poste nécessitant des compétences rares par exemple).

Le chômage est négatif pour l’économie car il contribue à diminuer le pouvoir d’achat et donc la propension à consommer ce qui freine la demande et donc la croissance économique.

Les déséquilibres liés au commerce extérieur

Le commerce extérieur correspond à l’ensemble des échanges de biens et services d’un pays à un autre. Le commerce extérieur n’est possible que dans une économie ouverte.

On appelle l’acquisition d’un bien ou d’un service en provenance de l’étranger importation. A contrario, une exportation sera la vente d’un bien ou d’un service vers l’étranger.

Le solde de la balance commerciale permet de montrer le niveau de dépendance d’un pays vers l’étranger. Par exemple, un pays dont les importations sont supérieures à ses exportations est dépendant.

Exportations- Importations > 0 = non dépendant

Exportations- Importations < 0 = dépendant (déficit du commerce extérieur).

Un déficit du commerce extérieur est négatif car il remet en cause le manque de compétitivité des entreprises. En effet, si l’étranger ne nous achète pas suffisamment (faibles exportations) cela peut s’expliquer par des prix trop élevés et donc une incapacité à réduire ses coûts (compétitivité prix). Cela peut également s’expliquer par des produits pas assez innovants, peu attractifs (compétitivité hors prix). L’inflation contribue également au déficit de la balance commerciale.

Une intervention qui se traduit par la mise en œuvre de politiques économiques

L’activité économique varie, ce qui génère des effets positifs ou négatifs sur la croissance, les prix et l’emploi.

  • Quand le PIB, l’emploi et les prix augmentent, on parle d’expansion économique qui correspond à une période (un cycle) d’essor de l’économie.
  • Quand la croissance ralentit, on parle de récession, tandis que quand la richesse créée (et donc le PIB) diminue, le pays connaît une période de dépression.

Dans ce contexte, les politiques économiques correspondent aux mesures prises par les institutions publiques (Etat, collectivités locales) dans le domaine économique afin de s’adapter aux fluctuations de l’activité économique. Concrètement, il s’agit par exemple d’agir en période de récession pour accroître l’activité économique et renouer avec la croissance.

Les politiques économiques ont pour ambition de faire évoluer les structures et de répondre aux problèmes de conjoncture.

Les finalités des politiques économiques

Les politiques économiques poursuivent divers objectifs :

  • La lutte contre les déséquilibres économiques qui sont l’inflation, le chômage et le déficit du commerce extérieur.
  • Les politiques sociales : elles visent à limiter les inégalités, à favoriser la formation et l’éducation ;
  • Les politiques de régulation des marchés : elles cherchent à encourager la concurrence, la libre confrontation des offres et des demandes…

Quels sont les objectifs des politiques économiques ?

Il existe deux catégories de politiques économiques qui répondent à des objectifs différents.

Les politiques structurelles :

Elles ont des objectifs de long terme et regroupent les mesures prises par les pouvoirs publics afin d’adapter les structures de l’économie pour un meilleur fonctionnement et une plus grande compétitivité.

On peut citer plusieurs exemples : les actions sur la réglementation des marchés pour préserver la concurrence (avec l’interdiction de certaines pratiques comme les ententes, le contrôle des opérations de concentration) ; les actions sur les infrastructures (constructions d’hôpitaux, d’universités) ; les actions sur la formation et l’éducation (avec le développement des formations en alternance, la création de nouveaux diplômes) ; les actions sur la flexibilité du marché du travail (en rendant moins contraignant les procédures de licenciement collectif).

Les politiques conjoncturelles :

Il s’agit de mesures qui ont pour but la lutte contre les déséquilibres à court terme. Elles encouragent la croissance économique et la relance de l’emploi en période de récession (ex. : encouragement de la consommation grâce à la hausse des revenus de transfert ou à la création d’emplois publics) ; elles luttent contre l’inflation en période de forte activité (en augmentant les taux d’intérêt) ; elles cherchent à augmenter rapidement la demande de véhicules afin de stimuler la production et préserver l’emploi (en instaurant une prime à la casse).

Les politiques conjoncturelles et structurelles sont plutôt complémentaires car les politiques structurelles ne font sentir leurs effets qu’à long terme. Il vaut donc mieux mener parallèlement des politiques conjoncturelles qui stimuleront l’activité économique à court terme.

Les instruments des politiques économiques conjoncturelles

Les politiques économiques sont un ensemble de mesures à la fois structurelles et conjoncturelles visant à résoudre les déséquilibres économiques et créer les conditions d’une économie saine et équilibrée à long terme.

Pour mener ces politiques l’Etat utilise différents instruments, c’est-à-dire des outils de son ressort. Ces instruments diffèrent suivant si la politique économique est structurelle ou bien conjoncturelle.

La politique monétaire, premier instrument des politiques conjoncturelles

La politique monétaire consiste à agir sur la masse monétaire en jouant sur les taux d’intérêt de façon à influer sur l’activité économique. Elle vise à encourager la croissance tout en surveillant l’augmentation des prix :

– en fixant des taux d’intérêt directeurs faibles (politique monétaire expansive), elle stimule le crédit et donc l’activité économique (croissance économique) ;

– en fixant des taux d’intérêt directeurs plus élevés (politique monétaire restrictive), elle renchérit le coût du crédit et ralentit par conséquent l’activité, ce qui limite les risques d’inflation.

Le rôle de la BCE dans la politique monétaire de la zone euro et le taux d’intérêt directeur

La politique monétaire de la France (et même de toute la zone euro) est gérée par la Banque centrale européenne (BCE) dont le principal objectif est la stabilité des prix. Concrètement, la BCE cherche à contenir l’inflation, qui est un phénomène d’augmentation durable et auto-entretenue du niveau général des prix se traduisant par une perte du pouvoir d’achat de la monnaie, sous le seuil de 2 % par an à moyen terme.

la politique budgétaire, second instrument des politiques conjoncturelles

Cette politique vise à utiliser les recettes et les dépenses de l’État pour influer sur le niveau de l’activité économique.

Agir sur les recettes :

Cette action sur les recettes passe principalement par la modulation de la fiscalité : en période de relance et donc de stimulation, les prélèvements obligatoires sont revus à la baisse pour inciter les agents économiques à consommer, à investir et produire ; en période de stabilisation ou de rigueur, ils sont augmentés pour réduire les déficits.

Agir sur les dépenses :

Cette action sur les dépenses consiste à faire varier les dépenses en fonction de la situation économique : elles augmentent quand l’État souhaite relancer l’activité économique (ex. : hausse des dépenses d’infrastructures, création d’emplois publics, hausse de certaines prestations sociales), tandis qu’elles sont limitées en période de rigueur ou de stabilisation (ex. : suppression de certaines aides aux entreprises, suppression de mesures d’encouragement à la consommation comme la prime à la casse…).

Les politiques de relance ont pour conséquence possible le creusement des déficits publics et l’alourdissement de la dette publique.

Les politiques de stabilisation risquent, quant à elles, de ralentir l’activité économique et donc d’aggraver le chômage.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bienvenue sur votre site d'économie gestion

X